Esprit est-tu là ?


EVERY GREAT MAN NOWADAYS HAS HIS DISCIPLES, BUT IT IS ALWAYS JUDAS WHO WRITES THE BIOGRAPHY - OSCAR WILDE.






vendredi 20 mai 2011

Un fil à la patte (théâtre)

Résumé extrait du programme : Comment se débarrasser d'une maîtresse lorsqu'on prévoit de se marier le jour même avec une riche héritière ? Voici ce à quoi s'emploie Bois d'Enghein, amant de Lucette Gautier, chanteuse de café-concert, artiste réclamée par la baronne Duverger pour la signature du contrat de mariage de sa fille avec... Bois d'Enghein lui-même. L'amant ménage Lucette et déjoue la cascade d'événements et de quiproquos qui pourraient dévoiler son projet. Pour compléter le tableau : Bouzin, minable clerc de notaire et compositeur raté, le furieux général Irrigua, amoureux de Lucette prêt à tout pour conquérir la belle, et Viviane, la future mariée qui trouve son fiancé trop sage et rêverait d'un séducteur expérimenté, ainsi que quelques valets, rouages indispensables du vaudeville.

Le fil à la patte est un vaudeville de Georges Feydeau et certainement sa pièce la plus connue. En tout cas la plus appréciée du public. Direction la Comédie Française samedi dernier pour la représentation de 14 heures. Et c'est parti pour 02h30 de pure comédie avec des comédiens qui jouent à l'unisson (ce qui n'est pas toujours le cas!) dans un décor et des costumes somptueux. Ch Hecq (Bouzin) enchaine les cascades à un rythme d'enfer, tandis qu'Hervé Pierre (Bois d'Enghein) ne sait comment sortir du bourbier amoureux dans lequel il s'est lui-même enfermé ; coincé entre une F Viala (Lucette) très amoureuse et une G Scalliet (Viviane) moins ingénue qu'elle en a l'air.


Le Falp est LE succès théâtral de la saison tant public que critique et je regrette d'écrire ici que je suis sortie du Français avec un sentiment mitigé concernant ce spectacle. Il m'a manqué ce petit "truc" qui fait d'un spectacle un GRAND spectacle. Ce n'est pas la pièce qui est en cause mais il y a des scènes qu'il faut jouer franchement sans se poser de questions et j'ai trouvé que certains comédiens étaient trop timorés face à l'action, d'où certains effets comiques qui tombent à plat. Certes je ne me suis pas ennuyé et j'ai ri parfois, de bon coeur même, mais cela n'a pas été suffisant.


Dommage !



Le fil à la patte - Georges Feydeau - Comédie Française (Richelieu) - jusqu'au 18 juin.

jeudi 19 mai 2011

Au moment de la nuit (théâtre)




Nicolas Briançon adapte et met en scène au Studio des Champs Elysées deux levés de rideaux l'un de Crébillon Fils, l'autre de Jules Renard. Le premier "La nuit et le moment" : à la nuit tombée Clitandre s'introduit dans la chambre de Cidalise et tente de la séduire. Pas vraiment insensible à son charme elle ne cède pourtant pas à ses avances et lui demande à la place de lui raconter dans le détail ses conquêtes amoureuses. Dès lors s'instaure entre eux un jeu de séduction entre libertinage et marivaudage. Dans le second "Le Pain de Ménage" Marthe et Pierre voisins à Paris passent le week-end à la campagne avec leurs conjoints respectifs. Tandis que le mari de Marthe est déjà couché, à l'étage la femme de Pierre borde leur petite fille. Seuls au salon Marthe et Pierre devant un dernier verre, et bien que se trouvant heureusement mariés, s'imaginent infidèles.



J'ai passé un moment délicieux vendredi soir dans la petite salle du Studio des Ch.E à écouter deux textes parlant magnifiquement et intelligemment d'amour, de séduction, de fidélité, de libertinage, de désir, de troubles et d'hésitations. Les deux acteurs sont drôles, fins et subtils. On sort de ce spectacle le sourire aux lèvres, léger et heureux. A ne pas rater.







"Au moment de la nuit" - Studio des Champs Elysées : jusqu'au 29 mai.

dimanche 1 mai 2011

Une langue venue d'ailleurs



Akira Mizubayashi est né au Japon en 1951. Il grandit au sein d'une famille modeste mais heureuse entre un père ingénieur, une mère gérante de pension (pension de famille, pas la pension de retraite) et un frère de deux ans plus agés. La vie s'écoule gentiment et tranquillement quand un profond mal-être vient le saisir vers l'âge de 17 ans. AM étouffe. Il étouffe dans son idiome : le japonais. "Accablé par "les maux de langue" [...] paralysé par le conservatisme, avili par l'injonction consumériste et tétanisé par l'hystérie mimétique des doxas soixante-huitards. Il se sent immensément seul."

Il trouvera refuge et secours dans la musique de Mozart et l'apprentissage d'une autre langue : le français. Sa langue paternelle comme il l'appelle. Il l'apprendra comme on apprend à jouer d'un instrument de musique avec acharnement et détermination. "Heureusement on peut choisir sa langue ou ses langues. Le français est la langue dans laquelle j'ai décidé, un jour de me plonger. j'ai adhéré à cette langue et elle m'a adopté... C'est une question d'amour. Je l'aime et elle m'aime. Si j'ose dire..."

Sa vie s'en trouvera changée. "En passant d'une langue à une autre, certains interdits tombent : un espace de liberté s'ouvre subitement."


Malgré quelques passages ardus je vous invite fortement à lire ce texte impéccablement bien écrit. Récit d'apprentissage d'un jeune homme qui décide un jour d'habiter une autre langue.

Je mets en lien le court article que Jérôme Garcin a consacré à ce livre et qui vous explique mieux que je ne saurais le faire pourquoi il faut lire "Une langue venue d'ailleurs". http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110103.OBS5619/tendance-pour-l-amour-du-francais.html


"Une langue venue d'ailleurs" Akira Mizubayashi - Gallimard - 270 pages.