Esprit est-tu là ?


EVERY GREAT MAN NOWADAYS HAS HIS DISCIPLES, BUT IT IS ALWAYS JUDAS WHO WRITES THE BIOGRAPHY - OSCAR WILDE.






lundi 24 mai 2010

LA MAISON BISCORNUE


" Nous ne sommes pas dans un roman policier, Joséphine."

Aristide Léonidès est mort. Empoisonné à l'ésérine, " cette ésérine appartenait à Léonidès. Des gouttes pour les yeux..."

A 85 ans il laisse un empire et la fortune qui va avec à sa jeune épouse Brenda et à ses deux fils Roger et Philipp, nés d'un premier mariage.

Adoré par les siens, il vivait avec toute sa famille à "Three Gables" à Swinly Dean près de Londres "non pas dans une villa anglaise, mais dans l'idée qu'un restaurateur grec - et richissime - pouvait se faire d'une villa anglaise."

Brenda est immédiatement désigné par la famille comme étant "le bon assassin". Ils ne l'ont jamais aimé "... ils ne pardonnaient point à une étrangère de s'être introduite parmi eux" et c'est pour eux une raison suffisante pour l'accuser d'assassinat.

"C'est une aventurière, et je ne vois pas pourquoi je ferais semblant de l'aimer" déclare sans ambage Edith de Haviland belle-soeur (du 1er mariage) du défunt, " elle est moderne, elle n'a ni le sens du passé, ni celui de la beauté !" renchérit Clemency l'une des brues du vieux Aristide.

De plus c'est elle qui chaque jour faisait l'injection d'insuline nécéssaire à son mari, il lui était donc très facile de transvaser le contenu des deux flacons.

De concert avec les Léonidès la police orientera son enquête dans cette direction, et bientôt Brenda sera arrêtée en même temps que Laurence Brown précepteur des enfants de Philipp soupçonné d'être son amant.

Point ici dans cette enquête de Miss Marple ou de Hercule Poirot, c'est Joséphine 12 ans la plus jeune fille de Philipp qui mène ici l'enquête. "La petite niaise" comme la surnomme sa mère a toujours aimé "les histoires de police" et souhaite devenir détective. Téméraire et un peu frondeuse elle est au courant de tout, prend sans cesse des notes dans son petit carnet noir. Elle aime narguer les policemen et les traite volontiers d'imbéciles ne comprenant rien à rien.

Mais la petite est bavarde et Joséphine pourrait bien être la prochaine victime de cette affaire...

La Maison Biscornue est un des romans policiers d'Agatha Christie les moins connus et c'est bien dommage car l'histoire est bien plantée, on s'attache aux personnages et la résolution de cette histoire reste à votre esprit plusieurs jours après avoir terminé votre lecture. La révélation de l'identité de l'assassin a de quoi faire froid dans le dos - eh oui même en 2010 - je n'ose donc pas imaginer la réaction des lecteurs de Dame Agatha quand ils ont lu ce livre à sa sortie en 1949.

La Maison Biscornue (Crooked House) - A. Christie - Le livre de poche 190 pages.










dimanche 23 mai 2010

LA FEMME INVISIBLE


Bonjour à tous,

La BBC adapte le livre de Claire Tomalin " The Invisible Woman"*, l'histoire de la liaision secrète qui durant 15 ans unit Charles Dickens à la jeune Nelly Ternan.
On ne sait pas encore qui prêtera ses traits au grand écrivain.
Les séries de la BBC sont, à mon sens, parmi les meilleures que je connaisse, j'ai hâte de voir celle-ci en espérant qu'elle soit diffusée en France.

*Source : site du journal Telegraph, édition du 18 mai.

jeudi 20 mai 2010

PRIVATE LIVES



Amanda : What now ? Oh darling, what now ?
Elyot : I don't know, I'm lost, utterly.
Amanda : We must think quickly, oh quickly _
Elyot : Escape ?
Amanda : Together ?
Elyot : Yes, of course, now, now.


Amanda (Kim Catrall) et Elyot (Matthew MacFadyen) s'enfuient ensemble de l'hôtel où ils devaient passer leurs lunes de miel. Lui avec la jeune Sybil (Lisa Dillon), elle avec Victor (Simon Paisley Day). Direction Paris où Amanda possède un appartement avenue Montaigne.

Là-bas ils reprennent une vie couple qu'ils avaient interrompu 5 ans auparavant après 3 années d'une union houleuse. Leur mariage fut un échec et un enfer - incapables de vivre ensemble ou séparés ils passaient leurs journées entre violentes disputes et langoureuses retrouvailles.

Le temps a passé et chacun jure à l'autre avoir changé et qu'une vie emsemble est désormais possible.

Mais les promesses ne sont faîtes que pour ceux qui les écoutent et nos deux amoureux retrouveront rapidement le chemin de leurs mauvaises habitudes.


Privates Lives est une comédie en trois actes où l'on rit énormément. Des personnages comme des situations. Amanda et Elyot sont un couple qui ne laissent de repis à personne, et surtout pas à eux. Ils n'ont aucune logique, aucune morale ni aucune règle. Ils sont sincèrement et véritablement amoureux/attachés l'un à l'autre mais leur amour est constamment gouverné par la jalousie de l'un et la mauvaise foi de l'autre. Si bien que tout est prétexte au conflit.
Exemple :

Elyot : What do you mean about not being celibate during those five years ?

Amanda : What do you think I mean ?

Elyot : Oh God ! (He looks down miserably)

Amanda : What's the matter ?

Elyot : You know perfectly well what's the matter.

Amanda (gently) : You mustn't be unreasonnable, I was only trying to stamp out the memory of you. I expect your affairs well outnumbered mine anyhow.

Elyot : That is a little different. I'm a man.

La pièce de Noël Coward s'est jouée cet hiver au Vaudeville Theatre de Londres et j'espère qu'elle sera reprise prochainement. Tous les acteurs sont impeccables, mention spécial à Simon Paisley Day qui en mari abandonné le soir de ces noces joue la dignité et le ridicule tels que peuvent l'être parfois les gentlemen anglais soucieux de rester poli en toute circonstance. Et bien sûr à mon cher Matthew qui forme ici avec Kim Catrall un couple aussi drôle qu'irrésistible.


Ps : Je ne sais pas qu'elle est la règle actuellement concernant la citation et/ou la reproduction des dialogues de pièce de théâtre. Si je suis en fraude par rapport à une loi, un texte ou un usage en cours merci de me le signaler gentiment et sans vous énerver. Je corrigerais mon erreur dans les plus brefs délais - merci.













vendredi 7 mai 2010

EN AVANT, ROUTE - ALIX DE SAINT-ANDRE




" ... On part à la recherche de son âme, et on découvre qu'on a un corps..."


ADSA a fait le chemin jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle (le champ de l'étoile en latin). Trois fois. Ce sont ces voyages qu'elle nous raconte dans ce roman.

Chaque fois qu'elle prend le chemin elle espère y trouver la solitude et le silence, elle sera rarement exaucée.

"... Je partageais cette impression : l'étirement du temps dans la variété de jours qui se succèdent sans se ressembler, l'insouciance du logis, le chocolat et les frites à gogo, les pique-niques, les chahuts au dortoir, les sceaux collectionnés comme les images, nous vivions tous en grande enfance..."

Sur les chemins, elle rencontrera des pèlerins (des jacquets) de tout poil : une brésilienne bavarde, un sexagénaire imbu de lui-même et ronfleur impénitent, un anti-chat "Un chat mal doué.", un ingénieur voyageant avec son âne façon Stevenson, un espagnol souhaitant ardemment être débaptisé " pour que l'Eglise m'enlève de ses registres et arrête de piquer l'argent de mes impôts", des tampons et des crédentiales, des messes et des bénédictions, des australiens, des hollandais, une coréenne énigmatique et son charriot rose, etc..

Le livre démarre vraiment page 121 dans sa troisième partie (la première partie relève pour moi de la retranscription du carnet de notes, et la deuxième partie est inexitante). Et le chemin aussi. Le plus difficile surtout, celui où l'on part de chez soi. Ici Saint-Hilaire-Saint-Florent (49 Maine-et-Loire). Malgré cela En avant, route ! est un livre poétique et plein de charme. La narratrice s'amuse et souffre (des pieds, du froid, de la pluie) tout à la fois, et nous entraîne avec elle.

Quant au bout le chemin prend tout son sens, il ne reste plus rien de cette fatigue que l'auteur a éprouvé durant des ces quelsques mois :

"... J'avais l'impression de n'avoir marché que pour cela, pour cette surprise qui nous attendait, après tant et tant de terres traversées, pour ces joyeuses retrouvailles, ce souffle, cette libération, ce vrai bonheur d'enfant"

et l'on referme ce livre en remerciant chaleureusement ADSA de nous avoir fait faire un de nos plus beaux voyages immobiles.


Alix de Saint-André est journaliste et écrivain. En avant, route ! (citation d'après Arthur Rimbaud) est son sixième livre. Elle aime : Marcel Proust, André Malraux (par amour pour l'écrivain elle apprendra l'espagnol, achètera un chat de gouttière, et se rendra à Sarajevo au début des années 90 pendant le siège de la ville), les chats, la bière, et les anges.